Langue étrangère

Claire Burger

France/Allemagne/Belgique – 2024 – 1h46 – fiction – vostf

scénario Claire Burger, Léa Mysius

image Julien Poupard

son Julien Tan Ham Sicart, Olivier Goinard

musique Rebeka Warrior

montage Frédéric Baillehaiche, Claire Burger

production Les Films de Pierre, Razor Film Production, Les Films du Fleuve, Arte France Cinéma

distribution Ad Vitam

interprétation Lilith Grasmug, Josefa Heinsius, Chiara Mastroianni, Nina Hoss, Jalal Altawil

Fanny a 17 ans et elle se cherche encore. Plutôt renfermée, timide et sensible, victime de harcèlement à l’école, elle peine à se faire des amis de son âge. Lorsqu’elle part en Allemagne dans le cadre d’un échange linguistique, elle rencontre sa correspondante Lena, une adolescente qui rêve de s’engager politiquement. Fanny est troublée et, pour plaire à Lena, elle semble prête à tout, même à s’inventer une vie différente, avant de se retrouver rapidement piégée par sa mythomanie et ses mensonges.

« J’avais envie de parler du rapport à l’autre dans l’impossibilité de le rencontrer ou de totalement le comprendre, et de cette minuscule frontière entre les uns et les autres qui peut se déplacer, notamment à l’adolescence. […] Je fais un cinéma considéré comme naturaliste, pour autant ça m’intéressait de passer par des scènes oniriques. Cette idée traverse d’ailleurs souterrainement le film : Fanny n’arrive pas à dormir, elle fictionne des choses, elle ment pour se faire aimer. Lena, elle, rêve et fantasme, idéalise parfois le réel. […] J’ai reçu une éducation protestante, avec un certain rapport à la vérité, à la transparence, à l’exigence. Quand je suis arrivée à Paris, cela a produit une friction intime, comme un choc culturel […] et dans le monde du cinéma spécifiquement, qui raconte des histoires, qui aime séduire et mentir. » Claire Burger

« L’adolescence est un âge étrange, ingrat. Période de tous les changements, on la traverse comme un champ de guerre. […] Si on devine que [Fanny] cache une partie de son jeu et arrange la réalité à son avantage, la mise en scène de Claire Burger aborde plutôt le mensonge comme un espace de réinvention dans lequel on plie le réel à des projections idéalisées de soi [et] du monde. Ce dernier se révèle finalement maladif, invasif au point de nuire à l’ensemble de ses relations sociales, contre son gré. II n’en reste pas moins le moyen pour Fanny d’affronter ses peurs et explorer des fantasmes insoupçonnés […]. Le penchant politique du film et de la construction des jeunes filles agit comme une loupe grossissante de la réalité […]. Éloignée et fictive, une chimère au carré donc, qui achève de faire du mensonge la véritable « langue étrangère » de ce film. » Première, 11 septembre 2024